Vous êtes coureurs et vous voulez réduire votre impact carbone ? Eviter de porter des affaires ayant parcouru la moitié de la planète ? Vous pouvez désormais largement vous habiller français, de la tête au pied. Coup de projecteurs sur quatre marques spécialisées dans la Made In France.

Preuve de l’embellie de la discipline, chaque année, de nouvelles marques débarquent et tentent de faire bouger les lignes. C’est le cas des entreprises qui ont misé sur le Made In France. Une tendance éphémère ou une véritable lame de fond ? Chacun se fera son avis. Mais une chose est claire, de plus en plus de runners ne veulent plus porter un vêtement ayant parcouru en moyenne 40 000 km avant d’arriver sur leurs épaules.

Et quand on y regarde de près, elles sont finalement peu nombreuses à pouvoir se targuer de proposer des produits de running 100% fabriqués en France. C’est vrai, les freins sont encore nombreux : un savoir-faire qui a disparu et qui revient à petite foulée, une concurrence voisine de haut niveau, notamment au Portugal, un coût de fabrication important qui se ressent dans le prix final du produit et des consommateurs qui peinent encore à aligner leurs envies avec leurs actes. C’est pourquoi, nous avons décidé de faire un coup de projecteur sur quatre marques qui fabriquent de A à Z dans l’Hexagone.

Made in France : Coureur du dimanche, le pionnier

Véritable pionnier du Made In France dans le running, Coureur du Dimanche a pris du galon. Elle propose désormais une gamme très étoffée, allant du t-shirt basique à la veste déperlante en passant par toute une série d’accessoires et même, plus récemment, un sac d’hydratation.

Lancée dès 2015 par trois amis lyonnais, Coureur du Dimanche a eu le nez creux en se disant qu’elle allait pouvoir relocaliser en France et notamment en Auvergne-Rhône Alpes, giron de l’entreprise. Le pari est largement gagné. En parallèle, elle a su concevoir des pièces techniques réalisées à partir de matières recyclées, l’autre priorité de la marque.

Un déploiement vers les élites !

Depuis la fin d’année 2023, la marque qui s’était toujours focalisée sur la vente en ligne a même ouvert son propre magasin dans les rues de Lyon. Coureur du Dimanche passera prochainement un cap important. La marque lyonnaise compte en effet développer une gamme « élite ». « Le but est de permettre à certains de nos clients de monter en gamme, de passer sur des pièces plus techniques ». Au programme : nouvelles matières, nouvelles coupes, nouvelles technologies de confection. « On travaille sur du « sans couture » ou du thermocollé et de l’ultra-light.  Il s’agira en quelque sorte d’une marque dans la marque », détaille Maxime Marchal, l’un des co-fondateurs. Le tout sera évidemment toujours fabriqué 100% en France, avec des matières naturelles.

Made in France : Sensus, le petit nouveau

C’est la toute dernière-née de ces marques 100 % Made In France. Sensus a été lancée par un jeune entrepreneur du nom de Théo Lapouge. À 24 ans, cet ancien demi-fondeur de haut niveau a osé se lancer seul, dans son coin, pour développer les produits qu’il rêverait de porter. « Avant de créer mon entreprise, je me suis enfermé plusieurs jours dans ma chambre avec une machine à coudre pour apprendre à tricoter moi-même. Je cousais la journée et j’allais tester mes produits le soir », raconte ce tout jeune patron. Il sortira ses premières pièces en janvier 2022.

Sa philosophie repose sur trois piliers : un développement de produits personnalisés en s’appuyant sur ses propres retours et ceux de ses clients ; un impact environnemental amoindri grâce à l’utilisation de matières recyclées ou biosourcées et enfin une fabrication entièrement réalisée en France, comme à Peyrehorade. « C’est un challenge supplémentaire, car cela implique des coûts plus importants et des compétences plus rares. » Autre différence d’ampleur : un prix abordable. Si beaucoup de marques n’ont d’autres choix que de proposer des tarifs plus élevés que la moyenne (la made in France à un coût !), Théo Lapouge compte ses coûts de fabrication aux centimes près, sans lésiner sur la qualité, afin d’offrir le made in France au plus grand nombre !

Un t-shirt qui « fait rêver »

Sensus continue d’innover. La marque qui confectionne toutes ses pièces à Peyrehorade dans les Landes vient de dévoiler « t-shirt de running rêvé ». « Ce t-shirt a été conçu d’après les réponses à un questionnaire envoyé à nos clients. On leur a demandé quel serait leur t-shirt rêvé ? La priorité première était d’avoir un t-shirt qui ne sente pas mauvais, puis la légèreté et la respirabilité étaient citées », explique le fondateur. Ce nouveau t-shirt est ainsi conçu à partir de graine de ricin, une matière végétale qui évite la prolifération des bactéries et qui est donc anti-odeur. Plus léger que le polyamide, cette matière permet d’obtenir un t-shirt pour les hommes à 105g et 85g pour les femmes. Il est vendu au prix de 49€. À suivre également, une brassière de sport innovante et un short 2-en-1 pour les femmes, qui fait suite à une véritable demande de ce public.

Made in France : Le Colibri Frenchy, pour routards et trailers !

Faire sa part, tel le colibri qui tente d’éteindre un feu avec de petites gouttes d’eau, voici l’origine de la marque Le Colibri Frenchy. Elle a été imaginée et créée par Nicolas Valentin, Auvergnat d’origine. Ancien perchiste de haut niveau, devenu entraîneur, il a longtemps été sponsorisé par une grande marque de l’athlétisme. « J’échangeais beaucoup avec mes athlètes et je ne comprenais pas pourquoi ils ne voulaient pas soutenir la marque qui m’accompagnait. Ce qui revenait souvent, c’était le fait que c’était fabriqué à l’autre bout du monde. Ils m’ont alors lancé sur le ton du challenge : vas-y Nico, si tu lances ta marque, on te soutiendra. Dans la foulée, je suis tombé sur un reportage sur les conditions de travail en Asie et sur l’industrie du sport. C’est comme ça que l’idée est venue. »

Du textile qui tient la route !

C’est en 2020, en pleine période Covid que la marque est lancée. Mais il aura fallu attendre un an de plus pour voir véritablement l’entreprise démarrer. La spécificité du vestiaire Le Colibri Frenchy ? Du textile qui tient la route sur la durée. La marque s’adresse autant aux coureurs sur route qu’aux trailers. Autant dire qu’elle se doit de proposer une gamme résistante. Tous les produits sont conçus en France, en partenariat avec des ateliers situés à Roanne, près de Clermont-Ferrand et de Lyon et à Limoges pour les chaussettes.

De nouveaux t-shirts vont bientôt venir garnir la collection du Colibri Frenchy, avec notamment une pièce un peu plus alvéolée. L’accent sera mis également du côté du rayon féminin avec une brassière et un legging en cours de testing avant le lancement de la production.

Bomolet : le spécialiste du mollet !

Créée à la fin de l’année 2020, Bomolet est née d’une action collective. À l’époque, Flavien Thouroude décide de lancer une pétition pour réclamer plus de transparence dans l’origine des matières et la façon dont sont confectionnés nos vêtements de course à pied. Aucune réponse, ou du moins, rien de satisfaisant n’en fut sorti malgré les 30 000 signatures. Bomolet était née. Comme son nom l’indique, la marque se concentre aujourd’hui principalement à ce qui touche nos beaux mollets, à savoir les chaussettes. Elle s’est engagée dans la confection de produits de haute technicité, tout en fabriquant en France, du côté de Limoges. Mais elle conserve dans son vestiaire quelques t-shirts et shorts de qualité, que nous avions d’ailleurs fortement appréciés à l’époque.

Des chaussettes vendues à l’unité !

Bomolet propose désormais la vente de chaussettes de running à l’unité. C’est une première mondiale. L’idée a été mise en place en collaboration avec Pierre-Antoine Baele, vice-champion du monde de paratriahtlon. Elle vise à révolutionner le monde du sport en répondant aux besoins des athlètes handisportifs. « Mais l’idée est aussi d’aller plus loin, en permettant finalement à nos clients, en cas de soucis sur une chaussette, de ne pas avoir à racheter une paire entière. Pour nous, c’est avant tout un défi logistique, mais cela vise à introduire une nouvelle ère dans le domaine du sport et de l’inclusion », indique Flavien Thouroude.

Dans le même temps, Bomolet va continuer d’agrandir son offre en proposant cette fois-ci des chaussettes plus épaisses afin de s’adresser aux trailers. Aussi, une gamme marathon devrait bientôt sortir des usines très rapidement.

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