L’année 2021 sera-t-elle celle du jouet français ? Déjà bien orientés depuis le début de l’année, ces produits pourraient être avantagés par les ruptures de stocks annoncées sur certains jouets fabriqués en Asie. Mais ce ne sera pas si simple…
Lors de la présentation de ses résultats trimestriels, mardi 26 octobre dernier, Hasbro a prévenu que les problèmes actuels de fret et d’approvisionnement avaient retardé ses livraisons au cours du troisième trimestre, assurant travailler d’arrache-pied à en limiter les effets pour les fêtes de fin d’année. Le géant américain du jouet n’est pas le seul à être actuellement en tension : alors que la saison de Noël vient de démarrer en France avec la sortie des catalogues des enseignes, les spécialistes ont alerté que cette année sera plus rupturiste que d’ordinaire.
Ruptures sur les jouets fabriqués en Asie
« D’habitude, nous avons entre 3 à 5% de produits en rupture. Pour ce Noël, certains de nos fournisseurs, pour ceux qui fabriquent quasi-exclusivement en Asie, ont prévenu que leur taux de service ne devrait atteindre que 85 à 90% à début décembre« , explique Philippe Gueydon co-président de la Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l’enfant (FCJPE) et patron de King Jouet. Pas de quoi, cependant, créer une pénurie générale de jouets : « Peut-être aurons-nous 800 références en rupture… mais ces ruptures ne seront pas forcément définitives et un magasin de jouets propose 8000 références en moyenne : il y aura toujours des possibilités pour trouver un produit de substitution« , dédramatise Philippe Gueydon. Une opportunité pour doper les ventes de produits fabriqués en Europe et en France, moins touchés par les aléas actuels du fret ?
Intéret croissant des consommateurs
Ces éventuels reports ne devraient favoriser les jouets français qu’à la marge. « Toute la marchandise est déjà rentrée mais les fabricants français pourraient profiter de la situation rupturiste sur la fin de la période de Noël si les autres fournisseurs ont des problèmes de réassort« , estime Alain Ingberg, président de l’Association des créateurs-fabricants de jouets français (ACFJF) qui rappelle que le « fabriqué en France » est aujourd’hui une tendance forte. Ainsi, le panéliste NPD a récemment diffusé les chiffres de vente des jouets tricolores : avec une hausse de 10% depuis le début de l’année, les produits des fabricants et créateurs français représentent désormais 14% des ventes sur le marché français. Un score inédit…
Un cercle vertueux mais qui prendra du temps
2021 pourrait-elle être une année record pour le jouet français ? Pour Véronique Debroise, fondatrice du fabricant de jeux et loisirs créatifs Sentosphère, la réponse est oui : « Il y a cinq ans, le jouet français ne représentait que 7% des ventes. Notre part a doublé en cinq ans ! Outre l’intérêt des consommateurs pour le local et les questions de protection de l’environnement, les acheteurs de la distribution se rendent également compte de la difficulté de se sourcer loin ainsi que des problèmes de sécurité et de transport… »
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