Après avoir vécu douze ans en Chine, Aurélien Hivonnet a cocréé Sollen, une entreprise spécialisée dans la confection de sièges haut de gamme à Bordeaux. Travailler avec des partenaires français permet de gagner en agilité et surtout de limiter les erreurs et les risques liés à la fabrication.
Aurélien Hivonnet, le cofondateur de Sollen, a décidé de confier la confection de ses sièges et fauteuils à des mains expertes. Les produits haut de gamme de l’entreprise bordelaise, qui peuvent aussi bien habiller une maison qu’un hall d’un grand hôtel, sont en effet intégralement réalisés en Nouvelle-Aquitaine.
Les concepteurs et designers Didier et Arthur Garrigos (père et fils) sont Bordelais. Les fines ossatures des fauteuils sont créées par la société Lécuiller, spécialiste du bois moulé, une entreprise du patrimoine vivant basée en Charente-Maritime. Les matelas, tissus et les piètements des assises sont quant à eux réalisés à Bastiat Sièges à Hagetmau dans les Landes.
Quatre cofondateurs
Aurélien Hivonnet aurait pourtant pu conclure son affaire, très loin de la France et de Bordeaux, en Chine. Un pays dans lequel il a vécu entre 2008 et 2020 et créé ses deux premières entreprises. Une première activité de consulting, qui accompagne les entreprises françaises qui souhaitent fabriquer des produits en Chine et qui continue de fonctionner. Une seconde entreprise, Meeloa, spécialisée dans la fabrication de mobilier moyen de gamme, dont le développement a été arrêté.
« La Covid a été l’élément déclencheur. Cela fait quelques années qu’on programmait un retour en France avec mes associés », explique l’entrepreneur de 42 ans, qui a fondé Sollen avec Muriel Nicolas, ancienne dirigeante d’une menuiserie en Bretagne, Frédéric Devige, distributeur de la marque Meeloa sur le marché européen et Gaël Tauvel, encore en Chine pour gérer l’activité de conseil.
Identifier les partenaires
L’idée s’est concrétisée fin 2020. Les cofondateurs veulent proposer du mobilier d’assises d’exception, durable, personnalisable et du design écoresponsable. La griffe de la marque : chaque fauteuil présente sur l’un des pieds une bague en cuir symbolisant sa garantie à vie. Tous ensemble, ils mettent alors 200.000 euros sur la table et signent un contrat avec une agence marketing pour construire le projet, le business plan, la stratégie, définir l’identité de la marque et le message à véhiculer.
Les fondateurs se rapprochent en parallèle d’une agence de design bordelaise pour prototyper les premiers produits. « On voulait apporter quelque chose d’innovant visuellement », raconte l’entrepreneur de 42 ans. Ce n’est qu’ensuite qu’ils entament un tour de France pour interroger les fabricants et trouver ceux qui puissent fabriquer du mobilier multiplis, les formes et les moules associés. « Cela a été de loin la démarche la plus complexe et la plus longue. Beaucoup ne pouvaient pas, ils ne répondaient pas à notre cahier des charges, relativement technique, et n’avaient pas la possibilité de produire des petites séries. Ce sont des produits complexes à fabriquer et onéreux », reconnaît Aurélien Hivonnet, diplômé de l’université d’Oxford Brookes.
Commercialisé depuis fin décembre 2021 sur le site internet de la marque, le fauteuil nuage se vend 2.980 euros TTC. Le pouf de la même gamme 1.280 euros.
Plus d’agilité et de réactivité
Les motivations réelles des dirigeants ne se cachent pas uniquement dans les éléments marketing, l’artisanat et le savoir-faire à la française, s’exportant très bien . Les retards en approvisionnement, lesrisques liés à une mauvaise exécution des contrats et la gestion de l’après-vente les ont notamment décidés à mener le combat du Made In France.
« Ce qui est assez simple, ici en France, ce sont les relations avec les différents partenaires et entreprises. On sait que le produit va être conforme avec la commande alors qu’en Chine, c’est plus aléatoire », explique le dirigeant.
Travailler avec des partenaires locaux permet de réduire ce risque dans la chaîne d’approvisionnement et d’être plus agile dans le pilotage des processus de fabrication. « Avoir les partenaires à côté nous permet d’être flexibles sur la personnalisation et d’être plus réactifs. Les prototypages, dus aux produits haut de gamme, restent plus longs. Il faut six mois pour les sortir alors qu’en Asie, ça peut être fait en deux mois », concède le dirigeant.
Pour devenir une référence dans le secteur du mobilier made in France, les fondateurs travaillent depuis fin 2021 au développement de leur réseau de revendeurs et de prescripteurs (magasins, architectes d’intérieur).
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