Les différents secteurs du « Made in France » souffrent d’une contraction de la consommation depuis 2022. Au-delà du prix, les partenariats avec les sous-traitants, l’innovation et l’éco-conception se déploient pour réindustrialiser sur le moyen terme et faire acheter tricolore.

Le Slip Français : Une Opération de Survie

Des banderoles tricolores dans 21 Galeries Lafayette, des publicités en ligne et des prix cassés sur ses sous-vêtements… Depuis début avril, Le Slip Français joue son va-tout dans une opération coup de poing. La marque a passé une commande de 400,000 pièces à ses fournisseurs au lieu de 5,000 à 10,000 par gamme habituellement. Elle a presque divisé ses prix par deux, passant à 25 € pièce pour cinq exemplaires achetés au lieu de 40 € l’unité auparavant, en produisant à grande échelle, simplifiant le design et modifiant l’emballage, mais sans concession sur la qualité, assure la société. Une opération survie pour une des marques emblématiques du Made in France, fondée en 2011 et réalisant 20 M€ de chiffre d’affaires l’an dernier.

Après quinze jours d’opération commerciale, Guillaume Gibault, son fondateur, indiquait avoir vendu 50,000 slips à prix cassés pour une production à écouler d’ici la fin de l’année. « Quand les consommateurs souhaitent consommer français mais pas à n’importe quel prix, c’est vous qui êtes la variable d’ajustement. Il faut être prêt à avoir des partenaires financiers qui vous accompagnent sur le moyen terme », commente Geoffroy Blondel de Joigny, cofondateur de Naturopera, qui a lancé une nouvelle usine de couches écologiques en octobre 2022 dans les Hauts-de-France.

Le Prix, Principal Frein à l’Achat

Sur un marché textile bouleversé par les poids lourds Vinted, Shein ou encore Temu, le Made in France a du mal à trouver ses marques. Quatre ans après la pandémie de COVID-19 et deux ans après le début de la guerre en Ukraine, qui a entraîné une inflation impactant les portefeuilles des consommateurs, la fabrication tricolore a-t-elle du plomb dans l’aile ? Une enquête menée par le réseau des Chambres de Commerce et de l’Industrie en octobre dernier est sans appel : 89 % des personnes interrogées souhaitent consommer plus de produits fabriqués dans l’Hexagone, mais 67 % affirment que l’inflation impacte leurs décisions d’achat.

À l’heure où seulement 3 % des volumes de textile-habillement vendus en France y sont fabriqués, la « Mode in France » vise à porter ce chiffre à 5 % dans les prochaines années. « Les produits portent des valeurs mais leur prix est le frein numéro un à leur achat, explique Gilles Attaf, président de la certification Origine France Garantie qui compte 700 entreprises et 3,200 gammes de produits certifiés. Nous partons de très loin et il n’y a plus beaucoup d’acteurs sur les filières. Il faut retrouver des dynamiques autour de la production et des régions ».

Innovation et Éco-conception : Clés de la Réindustrialisation

Direction les Vosges, à Rupt-sur-Moselle, où 1083, la marque de jeans basée à Romans-sur-Isère, a établi son atelier de tissage. Depuis le début de cette année, des jeans en coton 100 % français y sont désormais tissés. « La toile est issue de 50 % de coton cultivé dans le Gers et de chutes de confection », souligne Thomas Huriez, le patron de la marque.

Les initiatives comme celles de 1083 montrent que l’innovation et l’éco-conception sont essentielles pour réindustrialiser la France. En réutilisant des matières premières locales et en adaptant les processus de fabrication, ces entreprises offrent une alternative durable et responsable aux modèles de production traditionnels.

Le Made in France traverse une période difficile, mais des marques comme Le Slip Français et 1083 montrent qu’avec de l’innovation, des partenariats solides et un engagement envers la qualité, il est possible de surmonter les défis. La clé réside dans la capacité à innover et à se réinventer, tout en restant fidèle aux valeurs qui font la force du Made in France.

Lire l’article