Avec l’essor du Black Friday et des campagnes de promotions agressives, souvent importées des États-Unis, les entreprises françaises font face à un défi de taille. Dans un contexte économique tendu, où l’inflation affecte autant les consommateurs que les producteurs, le Made in France peut-il réellement offrir une réponse efficace ?

Une riposte en construction : le cas des « Jours Tricolores »

Face à l’implantation croissante du Black Friday en France depuis 2010, des initiatives telles que les « Jours Tricolores » émergent, mettant en avant les produits fabriqués sur le territoire national. Si ces actions valorisent le Made in France, elles ne suffisent pas toujours à compenser les attentes des consommateurs habitués à des promotions massives.

Aux États-Unis, les remises peuvent atteindre jusqu’à 80 %, grâce à des business models spécifiques et une réglementation permissive. En France, où la vente à perte est strictement encadrée, ce type de stratégie est difficilement applicable. Les entreprises françaises doivent donc trouver d’autres moyens pour séduire les consommateurs tout en conservant des marges viables.

Le Made in France : une valeur suffisante pour convaincre ?

Pour qu’une entreprise réussisse, son modèle économique doit articuler quatre dimensions clés :

  1. Les clients ciblés : identifier des segments précis.
  2. La proposition de valeur : offrir un produit ou un service jugé indispensable par le client.
  3. La chaîne de valeur : structurer les activités et partenariats pour livrer cette proposition.
  4. Le modèle de revenus : définir des flux financiers viables, ponctuels ou récurrents.

Dans ce cadre, le Made in France peut être un facteur de réassurance, mais il ne représente pas toujours une motivation d’achat suffisante.

Prenons l’exemple des Laboratoires Silkbiotic, spécialisés dans les taies d’oreiller en soie fabriquées en région lyonnaise. Bien que le Made in France soit central à leur positionnement, l’entreprise a dû aller plus loin en prouvant l’efficacité cosmétique de ses produits via des tests indépendants, impliquant des coûts significatifs (plus de 10 000 €). Ces preuves ont été nécessaires pour convaincre des clients exigeants.

Écoresponsabilité et Made in France : un duo gagnant ?

Un autre exemple est celui d’Envoyajeux, entreprise spécialisée dans les jouets Made in France. Constatant que l’argument du local ne suffisait pas, elle a intégré des pratiques écoresponsables dans son modèle : emballages optimisés, matières premières durables, etc. Ce choix a renforcé la proposition de valeur, mais a également accru les coûts.

Vers un « Black Friday à la française »

Pour se démarquer, les entreprises françaises doivent enrichir leur offre. Il ne s’agit pas seulement de proposer des produits fabriqués localement, mais de leur associer des valeurs additionnelles, comme l’écoresponsabilité ou l’innovation. Cela passe par des promotions modérées – entre 10 et 30 % – qui restent justes pour les clients et économiquement soutenables pour les producteurs.

En conclusion, le Made in France ne peut pas rivaliser directement avec les mégapromotions américaines. En revanche, il peut séduire des consommateurs à la recherche de sens et de qualité, à condition de proposer une valeur réelle, qui va au-delà du simple label.

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