L’Atelier Tissage de France, repris par la marque française 1083, s’apprête à fabriquer 100000 jeans par an depuis Rupt-sur-Moselle (88). Le signe que le fabriqué en France a un bel avenir devant lui.

La marque 1083, spécialisée dans les jeans, les vêtements et les chaussures fabriqués en France, inaugure son nouvel atelier de confection de jeans à Rupt-sur-Moselle, dans les Vosges. Ici, l’atelier Tissage de France, ex-Valrupt, racheté par 1083 en 2018, s’apprête à produire 100000 jeans par an dans un premier temps avant, d’ici la fin 2023, d’espérer atteindre une capacité de production de 200000 jeans par an.

Alors que l’usine FashionCube s’apprête elle aussi à ouvrir du côté de Neuville-en-Ferrain (59) avec un rythme de croisière qui devrait la conduire à confectionner jusqu’à 400000 jeans par an, c’est le signe que le fabriqué en France est possible. Mieux : qu’il devient très concret. Evidemment, il existe déjà, 1083 ou encore Atelier Tuffery le démontrent depuis longtemps, mais il prend un jour nouveau, bien plus ambitieux.

Un potentiel évident

Un seul chiffre pour en apporter la preuve : la production annuelle française de jeans est actuellement estimée à 100000 unités, dont la moitié, environ, est écoulée par 1083. L’apport de Tissage de France va ainsi, dans un premier temps, doubler la production. Un premier grand pas. En vérité, à entendre Thomas Huriez, le patron de 1083, une évolution qui devrait aller de soi : « Les difficultés de l’industrie en France ne sont pas une fatalité et celle du jean fabriqué en France encore moins : il se vend 88 millions de jeans chaque année en France et notre pays n’en produit que 100000, soit seulement 0,1%. La moyenne du fabriqué en France dans le textile est de 3%. Si la production de jeans était simplement à la hauteur de cette moyenne, il sortirait des ateliers français plus de 2,5 millions d’unités tous les ans. Il ne devrait pas y avoir de fatalité à ce qu’il en aille autrement », insiste-t-il.

Le potentiel existe en tout cas, quasi mécaniquement si l’on ose dire. Et la question du prix, en réalité, ne se pose pas, elle non plus. « Il est faux d’associer systématiquement le fabriqué en France au luxe. Nous sommes capables de produire de manière ultra compétitive : l’automobile le prouve, l’agro-alimentaire aussi. Or, ce qui est possible pour des voitures ou du gruyère râpé doit l’être aussi pour des jeans », plaide Thomas Huriez. L’enjeu est de savoir minimiser les risques. Donc de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Chez Tissage de France, où 40 machines neuves, dont une bonne partie automatisées, sont mises à disposition d’une première salve de 24 salariés, des jeans de différentes gammes sortiront ainsi des ateliers : aussi bien de la haute qualité, pour 1083, qui sera vendue aux alentours de 110 à 140 euros, que des jeans plus accessibles, autour de 50 euros environ. Des contacts sont d’ores et déjà noués avec quelques grands noms de la distribution française, pour travailler avec eux, aussi, bien des grandes surfaces alimentaires que des enseignes spécialisées. « Si la marque 1083 connaissait un jour des difficultés, pour une raison ou pour une autre, ce modèle serait ainsi susceptible d’apporter une plus grande résilience à l’atelier », explique Thomas Huriez.

12 millions d’euros de chiffre d’affaires

De difficultés, pour 1083, il n’en est pas question : la marque a vu ses ventes augmenter de 20% en 2021, pour atteindre, 12 millions d’euros. Outre son site de vente en ligne, 1083 dispose également de 5 boutiques en propre, à Romans, Lyon, Nantes, Grenoble et Paris, sur des surfaces allant de 60 m² à 120 m². Elle dispose, aussi, de quelque 120 revendeurs, « avec une centaine d’autres en liste d’attente que l’on ne sait pas livrer encore », précise Thomas Huriez.

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