La Seine a été le théâtre d’un spectacle impressionnant lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, grâce à une prouesse technologique bretonne réalisée en seulement trois mois. Cette innovation, issue de l’entreprise MM Process, a été rendue possible par une rencontre fortuite à l’école d’architecture de Nantes, les matériaux composites d’Airbus, et l’expertise de l’équipe du trimaran du skipper Sébastien Rogues.
Morgane Suquart : La Cavalière Derrière l’Innovation
Cachée sous une armure argentée et un maquillage sophistiqué, Morgane Suquart, 34 ans, dirigeante de MM Process, est la cavalière qui a galopé sur la Seine. Avec son mari Madeg Ciret-Le Cosquer, ancien officier de la marine marchande, elle a fondé MM Process en 2020 à Saint-Pierre Quiberon. Championne européenne de Moth foiler, elle a rencontré son mari à l’École nationale supérieure maritime de Saint-Malo. Ensemble, ils ont conçu le « trimaran motorisé » portant le cheval mécanique créé par l’Atelier Blam de Nantes. « Nous avons travaillé jour et nuit pendant trois mois, week-ends inclus, pour ce projet, » explique Madeg.
Une Rencontre Déterminante à Nantes
Tout a commencé début 2024, lorsque Madeg donnait un cours d’architecture navale à l’école d’architecture de Nantes. Un intervenant de l’Atelier Blam, qui avait conçu le cheval mécanique, lui confie que le projet risquait d’être abandonné faute de trouver un bateau capable de déplacer une masse de plus d’une tonne sans créer de vagues. Madeg propose alors trois idées, dont un trimaran avec des bras sous l’eau, qui sera présenté au comité d’organisation des JO.
Expertise en Trimaran et Foils
MM Process maîtrise parfaitement les trimarans, ayant récemment terminé le montage du OF50 Primonial pour le skipper Sébastien Rogues. Connu pour la conception de foils pour des marques comme Gong et Takoon, l’entreprise présente des modélisations en mars. Sans attendre la validation officielle, ils commandent des moules à Modul Tech, convaincus du potentiel de leur innovation.
Un Bateau Unique en Son Genre
Le trimaran, long de 14 mètres et large de 5 mètres, pèse 2,5 tonnes et est doté de foils en carbone et de tissus composites recyclés d’Airbus. « Ce matériau est très utile en course au large, » note Madeg. Équipé d’une motorisation électrique de 123 kilowatts, tout a été fabriqué en interne par l’équipe. Les autorités ont été convaincues de la sécurité de ce bateau unique, malgré des exigences réglementaires strictes.
Commandes en Kevlar et Pilotage de Nuit
Pour des raisons de sécurité, les commandes du trimaran restent mécaniques. Morgane pilote le cheval au galop avec des rênes en kevlar, assistée par son mari via une oreillette. « Elle connaissait tellement bien la trajectoire qu’elle n’avait pas besoin de moi, » raconte Madeg. La vitesse de 12,5 nœuds a été atteinte après trois nuits d’entraînement.
Morgane Suquart : Une Pilote Incomparable
Initialement prévue pour les essais, Morgane est devenue la pilote principale. « C’est très technique, ce n’est pas donné à tout le monde de piloter un trimaran comme celui-ci, » précise Madeg. Sur le bateau, il surveillait toutes les données, y compris la température des batteries électriques.
Des Brevets et des Projets Futurs
Cette innovation a été riche d’enseignements pour MM Process, qui envisage de déposer un brevet sur le refroidissement du moteur électrique. L’entreprise a doublé son chiffre d’affaires cette année et est désormais inondée d’appels depuis vendredi. Elle espère que cette notoriété soudaine aidera à développer de nouveaux projets et à trouver un terrain pour s’installer dans ses propres ateliers près de Quiberon.