Parce que le frenchwashing se révèle une stratégie juteuse , certaines marques se revendiquent Made in France, quitte à brouiller les pistes et tromper les consommateurs en quête de mode locale. Focus sur les pièges à éviter et les solutions à privilégier quand on veut consommer français.

Sommaire

  • Le made in France, une mention facultative
  • « Création française », une arnaque comme une autre
  • Décoder l’étiquette et les labels sur nos vêtements

C’est un fait : le Made in France fait vendre. Et pour cause, selon une étude de l’INSEE, plus de trois quarts des Français sont prêts à payer (un peu) plus cher pour acheter local.

Pour 93 % des personnes interrogées, c’est une manière de soutenir les entreprises nationales tandis que pour 86% d’entre elles, c’est la garantie de se procurer un produit confectionné dans des conditions de travail relativement décentes.

Résultat ? Près de l’intégralité des Français (91%) estiment qu’une marque doit indiquer à ses clients que ses produits manufacturés ont été fabriqués sur le territoire.

Une attente dont les entreprises textiles ont bien conscience comme le démontre la présence tous azimuts des mentions « Made in France » et autres labels « bleu-blanc-rouge » sur les étiquettes de leurs vêtements.

Le but ? Séduire leurs potentiels futurs clients et les fidéliser, y compris dans un excès de patriotisme marketing parfois douteux.

Le made in France, une mention facultative

Car en dépit des idées reçues, le Made in France n’est pas un label qui garantit de son simple sceau la production d’un vêtement ou d’un accessoire sur le territoire national.

Et pour cause, il s’agit d’un simple marquage d’origine que les maisons de mode et autres entreprises textiles sont libres d’apposer ou non sur leurs produits.

Une indication facultative en somme, qui doit répondre à quelques critères établis par les services douaniers français. Problèmes ? Ces derniers laissent une marge d’interprétation relativement large, puisqu’ils disposent qu’un produit prend l’origine du pays dans lequel il subit la dernière transformation substantielle.

Or selon la loi, dans le cas précis du textile, cette transformation substantielle doit correspondre à 45% de la valeur ajoutée apportée au produit en France, sans que cette notion ne soit particulièrement précisée par le guide du « Fabriqué en France » de la Direction Générale des douanes.

n effet qu’est-ce qui fait la valeur ajoutée d’un t-shirt, d’une maille ou d’une paire de chaussures ? Sa couleur ? Son assemblage ? Sa finition ? Difficile d’en avoir le cœur net et encore moins de le mesurer à l’aide d’un pourcentage.

« On ne peut pas juste ajouter un zip ou des boutons, ce ne sera en aucun cas considéré comme une transformation suffisante » explique Charles Huet, consultant expert sur la fabrication hexagonale et co-fondateur de la FIMIF (Fédération Indépendante du Made in France) dans un article du site de mode durable Slow We Are.

C’est ainsi qu’on considère communément une pièce assemblée en France à partir d’une fibre étrangère cultivée dans un pays A et tissée dans pays B comme relevant du made in France, alors que cette même pièce assemblée dans un pays C avec seulement son étiquette brodée en France sera considérée comme ayant été fabriquée dans le-dit pays C.

Bref, c’est le lieu de confection du vêtement qui vient définir le lieu officiel de sa fabrication.

« Création française », une arnaque comme une autre

Problème ? Certaines marques n’hésitent pas à jouer sur les subtilités de l’expression « Made in France » ou « fabriqué en France » en s’accommodant habilement des nuances linguistiques du champ lexical de la fabrication textile.

C’est ainsi que le « Designed in France » tend à laisser croire au premier coup d’œil que le produit a été confectionné en France alors qu’il a seulement été imaginé, pensé et dessiné sur le territoire hexagonal. Même chose avec le « conditionné en France » qui finalement ne concerne que l’emballage dans lequel le produit, fabriqué à l’étranger, est envoyé à votre domicile.

Quant aux mentions de type « conception française », « création français » ou « artisanat local », elles ne sont en aucun cas un gage de qualité ou d’authenticité.

Enfin, certaines marques à connotation bleu-blanc-rouge peuvent se faire connaître pour une certaine gamme de leurs produits effectivement réalisés en France… tout en assurant la fabrication du reste de leurs collections à l’étranger.

Alors comment savoir concrètement si la pièce mode que l’on veut acheter a bien été fabriquée en (grande majorité) en France et non à travers les 4 coins du monde comme cela est (malheureusement) souvent le cas ?

Décoder l’étiquette et les labels sur nos vêtements

En parallèle des règles conditionnant le marquage « Made in France », la loi a mis en place trois labels aux normes encadrées par un organisme indépendant : France Terre Textile qui garantit que 75% de la production de la pièce a été réalisée en France selon des règles environnementales précises, Origine France Garantie qui est en substance l’équivalent labellisé du Made in France et enfin Patrimoine Vivant qui met en valeur les marques françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.

Problème ? Ces labels sont peu répandus en raison de leurs conditions d’obtention relativement contraignantes et restrictives mais aussi leur potentiel marketing peu convaincant pour les marques.

Le plus simple ? S’attarder sur la lecture de l’étiquette du vêtement où est indiqué le pays de fabrication, avant de faire éventuellement un tour sur le site internet de la marque : plus on y trouve d’informations transparentes sur le processus de fabrication, les ateliers partenaires ou les matières utilisées, plus on peut attester d’une certaine crédibilité quant aux revendications (ou non) de Made in France de la marque.

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