Les nouvelles créatrices de mode imposent des griffes respectueuses de l’environnement et aussi made in France. Ce peut être une lame de fond pour l’ensemble de la filière textile.

Lorsque l’on évoque le mariage environnement-mode, on pense en premier lieu à Stella Mc Cartney, une pionnière, mais aussi à la fausse fourrure. Pourtant la mode ne se résume pas aux grandes maisons à la réputation haut de gamme. Ce sont désormais toutes les marques de prêt-à-porter qui doivent aussi modifier leur business-modèle.

Tout à revoir ?

Le modèle économique de la mode a été basé sur des collections de plus en plus nombreuses afin de provoquer l’envie et l’impulsion d’achat, quand bien même les armoires étaient pleines. La mode n’est pas affaire de besoin, mais surtout de plaisir et d’envie. De plus, ce segment du marché est clairement positionné sur un modèle économique basé sur la mondialisation, afin de répondre aux clients disposant d’un budget modeste, même si la cible est bien plus large. Lorsque l’on évoque le sujet de la mode durable, le concept signifie que l’on doit aussi penser économie circulaire, et donc gérer le recyclage des vêtements. La France s’est même engagée à en interdire la destruction d’ici à 2023, une première au monde. Là où la question n’est pas résolue, c’est qu’une bonne partie de la pollution provient des clients lors des lavages répétés.

Passer au-delà du prix ?

Ceux qui veulent accélérer sur la tendance mode durable prêchent pour une fabrication française. Mais les études réalisées prouvent que la majorité continue à ne pas vouloir payer plus cher pour un produit de prêt-à-porter sur le simple principe du Made in France. En y regardant de plus près, on s’aperçoit cependant que les trentenaires sont quant à eux décidés à mettre la main au porte-monnaie, dans une limite du raisonnable qu’ils évaluent à 10%.

Aigle, un bel élan responsable

La présidente de l’entreprise Aigle, Sandrine Conseiller, n’a pas attendu longtemps pour s’engager sur le chemin de l’environnement et mettre en avant le Made in France. Nommée en juin 2019, elle s’est retrouvée confrontée à la crise du Covid pour ses débuts ou presque, mais cela ne l’a pas fait dévier de sa stratégie. Il faut dire que la marque fabrique à Ingrandes en bord de Loire et s’appuie sur un savoir-faire plus que centenaire.

Pour elle, la pandémie n’a fait que renforcer l’envie de local et de durable, une vérité pour la plupart des marchés. Elle sait qu’un client qui achète une paire de bottes Aigle ne le fait pas pour le prix ; il le fait car cette paire de bottes peut durer une vie grâce notamment au savoir-faire des spécialistes du caoutchouc qui travaillent pour la marque depuis des décennies. La PDG est allée plus loin en mettant en place avec ses équipes le « Aigle Positive Impact » pour devenir une entreprise à mission, une petite révolution pour une société de 200 millions d’euros de CA née en 1853.

Les priorités sont claires : acheter des produits chez des fournisseurs responsables, respecter le bien-être animal, minimiser l’impact environnemental, protéger la biodiversité (les aigles en l’occurrence) et pousser la fabrication locale. Sandrine Conseiller est convaincue que se développer en respectant des règles et un cercle vertueux ne peut être que positif pour la croissance des entreprises, et pour Aigle en particulier.

La Gentle Factory vers un nouveau monde

Cette marque récente évolue dans le textile homme/femme. Dès le début, la fondatrice Christèle Merter, ingénieure textile, a décidé d’opter pour une marque éco-responsable. La fabrication se veut donc française, et les ateliers travaillent des matières naturelles, biologiques et recyclées chaque fois que cela s’avère possible. Pour valider ce cercle vertueux, La Gentle Factory recycle les vieux vêtements pour en faire des neufs grâce à ceux donnés ou revendus sur leur site. Enfin, last but not least, les vêtements se doivent d’être beaux et stylés !

Si le concept est aussi complet, c’est que la créatrice l’a imaginé alors qu’elle était en charge de la qualité et du développement durable du groupe Happy Chic, au sein duquel la marque est née. Depuis deux ans, La Gentle Factory a pris son indépendance, et devinez, c’est Christelle Merter qui a repris la marque : « La Gentle Factory est née d’une volonté profonde de changer le monde ! Notre ambition est de concilier la mode et la durabilité et de permettre à nos clients de se sentir beaux et utiles. »

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