Au cours d’une interview avec Sacrés Français, Carole Tavitian, la gérante de la société Manufrance a pris le temps de nous raconter son histoire et de nous expliquer ce choix qu’elle a fait de reprendre cette marque incontournable Made in France. D’une description détaillée de ce concept de gros catalogue, aux avantages qui s’y rattachent ainsi qu’aux difficultés et aux avancées associées au Made in France, cette Sacrée Française ne laisse rien en suspens.

Pour en apprendre davantage sur Manufrance, la version écrite de cette interview est disponible ci-dessous.

Peux-tu te présenter ? 

Carole Tavitian : Donc je suis la gérante de la société Manufrance qui est implantée encore et toujours à Saint-Étienne. Manufrance est existante depuis 1890. À la base c’était l’entreprise Martinier-Collin, fabrique d’armes de chasse, qui avait été reprise par Monsieur Étienne Mimard qui a mis par la suite en place la vente par correspondance, le célèbre catalogue Manufrance. Manufrance a grossi et est devenu le gros catalogue, le fameux tarif-album. Il y a dans ces catalogues un nombre incroyable de produits qui n’existent plus aujourd’hui, qu’on ne refait plus malheureusement aujourd’hui, mais qu’on va peut-être refaire et qui étaient donc fabriqués à Saint-Étienne ou chez des sous-traitants Français. Manufrance à la grande époque avait environ 2 800 sous-traitants sur toute la France.

Quelle a été ta ligne de conduite quand tu as repris Manufrance ?

Carole Tavitian : Quand j’ai fait le tour du savoir-faire Français, je me suis dit : « Il y a quand même de belles choses en France ». Des entreprises qui produisent, mais qui n’ont malheureusement pas forcément le temps de se faire connaître ou de communiquer sur leurs produits, qui méritent vraiment qu’on les aide et qu’on mette en avant leur savoir-faire. Fort de ce constat on s’est rapproché, on est en train de se rapprocher petit à petit de fabricants Français et de produire, de fabriquer, de concevoir et de penser des produits avec eux et du coup de mettre ces produits en vente.

Es-tu une Sacrée Française ?

Carole Tavitian : Je pense que oui ! On dit franchouillard-franchouillarde. C’est un pays qui est magnifique, on a de très belles régions, on a un savoir-faire culinaire qui est extraordinaire. Donc bonne vivante comme je suis, je suis une Sacrée Française.

Quels sont les avantages pour les consommateurs de Manufrance ? 

Carole Tavitian : Alors le consommateur il va trouver du produit marqué Manufrance, donc du produit qui est pensé chez nous et qu’il ne retrouvera pas ailleurs. Il se peut que sur certains produits par exemple il y ait des matières qui viennent de l’extérieur. On l’assume parfaitement. Mais par contre le savoir-faire qui aura été déclenché en faisant ce produit il est en France et nous mettons un point d’honneur nous, à visiter tous nos fournisseurs pour être sûr de tout ce qui est fait ici chez nous en France. Le consommateur quand il va acheter des produits à Manufrance et bien il réinjecte de l’argent dans sa propre économie.

Créer une entreprise avec les valeurs du Made in France est-ce compliqué ?

Carole Tavitian : Oui et non ! C’est compliqué dans le sens où le Made in France a le vent en poupe. Il a un petit peu galvaudé et il y a parfois des fournisseurs qui nous expliquent que oui ils fabriquent en France. Mais, quand on va sur place on a la surprise de découvrir qu’il n’y a pas tant de choses que ça qui sont faites en France. Par contre, on a également des savoir-faire d’entreprises qui ne communiquent pas, qu’on ne connaît pas et qu’il faut trouver.

Coluche disait : « C’est facile de savoir quels produits sont faits en France, ce sont les plus chers »

Carole Tavitian : Pas toujours ! Bon même si en règle générale le produit Français reste peut-être un petit peu plus cher, il est aussi plus travaillé. Donc ce qu’il faut aussi regarder et c’est ce que nous on explique à notre consommateur c’est : « Qu’est-ce qu’on a par exemple pour 50€ ? Si on met 80€ sur un produit, qu’est-ce qu’on aura pour 30€ de plus ? », parce qu’il y a une valeur ajoutée.

À quoi sont liés ces surcoûts ? 

Carole Tavitian : Alors les surcoûts de produits peuvent être liés en effet aux surcoûts de production tout simplement, à la main d’œuvre qui est un petit peu plus cher en France. Ça peut également être lié aux matières premières et ça peut aussi être lié aux techniques de production. Je prends l’exemple des couteaux par exemple. On a une gamme de couteaux qui est faite Manufrance et il y a des couteaux qui sont forgés à la main, qui sont encore forgés en France. On a des forges. Et puis d’autres couteaux, dont l’acier est simplement découpé. Ce sont deux techniques différentes, deux techniques qui peuvent parfaitement être réalisées en France, mais l’une sera moins chère que l’autre. 

Dans quel secteur le Made in France a-t-il le plus progressé ?

Carole Tavitian : On a un retour de la métallurgie un petit peu, qui tend à revenir un petit peu chez nous tout doucement. Dans le bois aussi, on a quand même des personnes qui travaillent le bois, qui le travaillent bien, avec un petit bémol quand même pour la fourniture de matières premières. 

Quel-est le circuit de distribution de Manufrance ?

Carole Tavitian : Pour le moment nous ne distribuons que sur notre site internet de vente en ligne www.manufrance.fr. Peut-être plus tard, pourquoi pas quand notre offre sera redessinée, pourquoi pas remonter quelques magasins.

Pourquoi cherches-tu à valoriser le MIF ?

Carole Tavitian : En effet, quand j’ai repris Manufrance il y a 5 ans j’avais la possibilité de choisir la stratégie d’acheter et de revendre tout simplement. Je suis quelqu’un dans l’émotion, je suis quelqu’un qui aime apporter des choses et je suis quelqu’un qui a la culture du bien fait. Dans le mot Manufrance, il y a fait à la main. Cette notion de manu, de main. J’aime la France, j’aime mon pays. Je me suis dit : « Il y a des gens qui font, qui savent faire, qui savent produire, aidons-les » et nous Manufrance, on a la marque pour ça.

Est-il simple de travailler avec des marques MIF ?

Carole Tavitian : Je trouve qu’il est plus facile aujourd’hui de travailler en France par la proximité qu’on a avec nos fournisseurs. Voilà, on s’appelle. Il y a un problème on s’appelle. C’est assez fluide. Il y a des délais, certes, mais c’est très raisonnable par rapport à ce que j’ai pu connaître avec des pays étrangers. Donc je dirais non, aujourd’hui on peut travailler en France. D’autant qu’il y a quand même dans le monde de l’entreprise une certaine solidarité, donc je pense qu’il faut vraiment qu’on se serre les coudes et qu’on avance tous ensemble.