Le gouvernement a détaillé ce mardi son plan pour l’hydrogène: 7 milliards d’euros investis d’ici 2030 pour faire en sorte que la France devienne autonome dans sa production « décarbonée ». De quoi se projeter dans le futur, en n’étant plus suiviste mais avant-gardiste.
Un carburant « made in France » réellement écologique. Et des technologies pour le produire et l’utiliser qui peuvent permettre à leurs développeurs de jouer dans la cour des grands. L’hydrogène sur lequel le gouvernement a décidé de miser 7 milliards d’euros d’ici à 2030 coche bien des cases. Car il s’agit d’un hydrogène bien différent de l’actuel, produit à 90% avec du gaz naturel, du charbon ou du méthane et, de ce fait, gros émetteur de CO2.
L’objectif assigné par l’exécutif est de privilégier une technologie éprouvée: l’électrolyse. Pour faire simple, les molécules d’hydrogène contenues dans l’eau vont être récupérées grâce à une énergie qui n’émet pas de CO2: l’électricité produite par les éoliennes ou les centrales solaires. Voire d’origine nucléaire. C’est l’option défendue notamment par le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire. Et comme il s’agit de se projeter dans l’avenir, cette production d’hydrogène d’origine nucléaire reposerait sur le développement de petits réacteurs modulaires.
Le gouvernement prévoit notamment de soutenir financièrementdes projets de « gigafactory » d’électrolyseurs. Des unités capables de produire de l’hydrogène à grande échelle. Et le projet défendu table sur une coopération européenne, notamment avec l’Allemagne, très investie sur le sujet.
L’hydrogène vert, meilleur allié du transport durable
Les utilisations de cet hydrogène « décarboné » seront multiples. Il permettra de stocker plus efficacement qu’avec des batteries l’électricité produite par les éoliennes et les panneaux solaires. De multiples usages industriels sont également prévus. Mais surtout, l’hydrogène apparaît comme la meilleure solution pour que nous puissions tous nous déplacer demain sans polluer. Sur la route, on sait déjà faire, techniquement parlant.
Des voitures roulant à l’hydrogène circulent déjà en France. C’est le cas en Ile-de-France, avec quelques centaines de taxis. Leur nombre passera même le cap des 600 à la fin de l’année. L’avantage par rapport aux voitures électriques équipées de batteries, c’est qu’il faut 3 à 5 minutes pour faire le plein. L’inconvénient c’est leur prix. Le prix des berlines commercialisées aujourd’hui par le japonais Toyota (Mirai) et le coréen Hyundai (Nexo) dépasse les 75.000 euros. Mais ces tarifs baisseront quand la production augmentera.
Les experts tablent, d’ici dix ans au plus tard, sur une division par cinq du prix des piles à combustible, qui permettent de transformer en électricité l’hydrogène contenu dans le réservoir du véhicule. Et dans tous les cas, pour les transports en commun -les bus par exemple- l’hydrogène vert apparaît comme la solution d’avenir.
Pionnier, Alstom a livré ses premiers trains en Allemagne
Il en va de même pour le ferroviaire. Alstom a été le premier constructeur au monde à se lancer. Ses trains à hydrogène roulent déjà en Allemagne. Il ne s’agit pas de TGV. Leur vitesse commerciale (140 km/h) et leur autonomie (1000 kilomètres) les prédisposent au transport régional. Ils constituent une alternative idéale aux trains diesel qui circulent sur les petites lignes dont l’électrification se révèle trop coûteuse.
En France, la SNCF souhaite pouvoir disposer de rames « bimodes’, capables de récupérer l’électricité des caténaires sur les voies électrifiées. Des modèles un peu différents à ceux qui roulent en Allemagne. A priori, les premiers trains hydrogènes commenceront à circuler en France en 2025.
Pour l’avion à hydrogène, ce sera 2035… au mieux
En fait, le pari le plus ambitieux pour ce « carburant » du futur sera de faire voler des avions de ligne capables de transporter 200 passagers sur des distances pouvant atteindre 3000 kilomètres. Une alternative aux A320 d’Airbus et aux Boeing 737. Le constructeur aéronautique européen s’est lancé le premier. Et il est toujours le seul géant du secteur à miser sur l’avion à hydrogène.
A la différence des voitures, des bus ou des trains, il n’est pas possible d’utiliser une pile à combustible pour faire voler un avion de ligne moyen-courrier. Les ingénieurs cherchent donc à adapter à l’aérien ce qui se fait pour le spatial. Cela suppose le recours à des réservoirs cryogéniques qui permettront de faire le plein d’hydrogène liquide.
Mais pour cela il faut repenser totalement la forme des avions. Les ailes ne seront plus remplies de carburant comme c’est le cas avec le kérosène. La proximité avec les moteurs est trop dangereuse. La forme de ces avions sera donc totalement différente de celle qui s’est imposée depuis un siècle.
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