Dans les vallées, à proximité de Gérardmer et d’Epinal, un petit groupe d’entreprises textiles, parfois présentes depuis le XIXe siècle, ont su s’adapter à la mondialisation.
Le métier Jacquard, du nom de l’inventeur lyonnais qui l’a conçu au début du XIXe siècle, a été la première machine à tisser programmable. Depuis, les cartes perforées qui servaient à guider cette mécanique complexe ont été remplacées par des systèmes automatisés gérés par ordinateur. La tradition de ces tissus aux motifs sophistiqués perdure ainsi dans l’une des plus anciennes régions textiles françaises, les Vosges. C’est là que la manufacture Garnier-Thiebaut, qui produit draps, nappes et autres étoffes en jacquard destinées à l’hôtellerie de luxe – le Lutetia, le Royal Monceau et le futur Cheval Blanc de la rue de Rivoli comptent parmi ses clients –, a ouvert ses portes à Capital.
Cette entreprise d’environ 200 salariés est la plus importante d’un étonnant «cluster» du made in France. Une trentaine de sites, pesant dans les 400 millions d’euros de chiffre d’affaires et regroupés au sein de Vosges terre textile, une sorte d’AOC du tissu, ont survécu à la concurrence asiatique. Quelque 3/000 emplois ont été maintenus dans les vallées grâce à la spécialisation dans le haut de gamme et à la capacité à produire en petites séries du linge de maison, la grande spécialité locale, mais aussi des cordages, des uniformes, les chaussettes ou du fil, comme le fait la maison Mouline qui nous a également accueillis.
Il n’y a pas que dans les Vosges que le textile français fait de la résistance. Cette industrie, la première à avoir souffert de la mondialisation, a certes vu ses effectifs divisés par 10 en quatre décennies. Mais elle a réussi à se stabiliser ces dernières années et à maintenir plus de 60.000 emplois et un chiffre d’affaires de l’ordre de 14 milliards d’euros. Elle a été aidée en cela par son organisation en clusters régionaux et spécialisés, notamment autour de Troyes avec la maille, dans le Nord pour la dentelle ou en Auvergne-Rhône-Alpes avec les textiles techniques.
Lire la suite sur Capital